Grocery haul : dis moi ce que tu achètes, je te dirais qui tu es

Comme moi, vous avez peut-être comme premier réflexe de vous dire : « mais à quoi ça sert ? » Cela semble en effet bizarre de savoir que des gens filment leurs courses au supermarché et publient le résultat pour le montrer au monde entier.

Passée la première surprise, on découvre que les Grocery Haul peuvent rapidement avoir un intérêt documentaire pour connaître un peu mieux les habitudes des gens. Le phénomène étant mondial, on découvre ainsi les courses des chiliens, des américains, des asiatiques…

L’origine du phénomène Grocery Haul

Comme bien souvent lorsque cela concerne le web, le phénomène est né aux USA. Difficile de savoir qui est la première personne à avoir filmé un Grocery Haul. On peut toutefois remonter sur des chaînes Youtube jusqu’à 2007-2008. Ce qui sur le web est une éternité… 😉
Le principe du grocery haul n’est pas nouveau. Mais les premières vidéos n’ont pas rencontré un franc succès. L’engouement est plutôt arrivé en 2015, voir en 2016 pour les vidéos francophones.
Mais commençons par l’essentiel. Qu’est-ce que ça veut dire Grocery Haul ?

La limite des grocery haul

Sur Youtube le terme « haul » désigne désormais toutes les vidéos listant les achats faits dans un magasin. On trouve donc désormais des déclinaisons pour la cosmétique, la mode, etc. Comme le signalait le magazine Forbes, un quart de millions de « haul » vidéos avaient été uploadées sur Youtube en 2010.

Les marque se sont rapidement rendues compte du potentiel de ces publicités gratuites. Ce sont des vidéos spontanées qui ne ressemblent pas à de la publicité. L’impact sur le public est très fort et peu coûteux. Elles se sont donc mises à sponsoriser les différentes youtubeurs se prêtant au jeu de la présentation de leurs produits. Cela entraîne une certaine confusion chez les spectateurs, qui ne parviennent plus toujours à faire la différence entre vidéo spontanée et publicité cachée.
Pour vous en convaincre, regardez cette courte vidéo du site Arretsurimages.net, qui interroge des collégiens français sur la relation entre youtubeurs et publicité. Elle ne concerne pas directement les Grocery Haul, mais les interrogations qu’elle soulève sont identiques :

Les problèmes des rémunérations opaques et des publicités déguisées (ou pas toujours clairement annoncées) ont fini par être dans le collimateur des autorités, que ce soit en France, au Canada ou aux États-Unis.

Même si cette appropriation des vidéos « haul » par les marques concerne plus les milieux de la mode et de la cosmétique, elle pourrait rapidement concerner également les Grocery Haul alimentaires.

L’intérêt des Grocery Haul

Hormis ces aspects financiers qui pourraient venir fausser la spontanéité des vidéos, les Grocery Haul nous apprennent beaucoup sur les habitudes alimentaires.

Que ce soit un grocery haul de Grande-Bretagne :

De Suède :

Du Mexique :

De Corée :

Ou des USA :

Principalement réalisées par des femmes qui souhaitent partager leur quotidien, ces vidéos nous démontrent au moins une chose de manière claire : quelque soit le pays, les préoccupations quotidiennes sont les mêmes ! 😉

Gagner du temps grâce aux Grocery Haul

Ces vidéos sont rapidement devenues thématiques. On trouve des vidéos par magasin, par taille de la famille… Quasiment pour tout. J’en ai même trouvé pour ceux qui n’achètent qu’en vrac.

Mais ma thématique préférée est surtout celle des régimes alimentaires. C’est cet aspect qui me semble personnellement le plus intéressant. En effet, suivre un régime alimentaire spécifique demande toujours de changer ses habitudes d’achat. Mais c’est souvent plus facile à dire qu’à faire !
Certains régimes requièrent parfois de consommer des aliments que vous ne connaissez pas, que vous n’avez jamais vu ou tout simplement que vous ne savez pas où acheter. C’est là qu’Internet et les Grocery Haul peuvent vous venir en aide !
Plutôt que de passer des heures à déchiffrer des étiquettes incompréhensibles ou chercher désespérément ce qu’est du Tempeh, vous pouvez trouver la réponse rapidement dans un grocery haul. Voir même obtenir votre liste de courses clé en main pour la semaine !

Quelques Grocery Haul par type de régime alimentaire

Des milliers de vidéos de ce type existent, j’ai essayé d’en trouver pour vous quelques-unes en fonction du type de régime alimentaire (et si possible en français). J’espère que cela pourra vous être utile.

Grocery haul végétarien

Grocery haul vegan

Grocery haul pour la musculation et la prise de masse

Grocery haul fruitarien

Grocery haul paléo

Et même grocery haul pour les cinglés de junk food 😉

En bonus, un ancêtre à ce phénomène

J’étais tombé il y a quelques années sur le reportage d’un photographe qui avait répertorié les différentes consommations alimentaires dans le monde. Pour chaque pays qu’il avait traversé, il prenait en photo une famille devant sa consommation hebdomadaire. Lorsque j’ai découvert les grocery haul j’ai immédiatement pensé à ça. Et je voulais le partager avec vous sur ce blog.

Le photographe Peter Menzel a ainsi photographié 27 familles de 24 pays devant une semaine de nourriture.

Pour chacune, il leur demandait le coût total de ces courses hebdomadaires, ainsi que leurs plats favoris (qui ne sont donc pas forcément ceux présents sur les photos). Le coût des achats est indiqué en dollars américains pour que le point de repère soit le même quelque soit le pays et l’origine de la famille.

Cliquez sur les petites flèches vertes à droite et à gauche de la photo ci-dessous pour faire défiler les différentes familles.

La comparaison est parfois brutale !

Aux deux extrêmes, là où la famille tchadienne nourrit 6 personnes avec $1,23 (soit $0,2 par personne), par des aliments constitués essentiellement de riz et légumes secs, la famille norvégienne nourrit 5 personnes avec $731,71 (soit $146,34 par personne). Quand la famille française présentée ici est à près de $105 par personne (environ 99€).
Là où les australiens achètent une quantité hallucinante de viande, les équatoriens n’en mangent pratiquement pas. Les emballages sont aussi très parlants. Certains n’ont pratiquement pas de produits industriels, uniquement des aliments bio et aiment cuisiner, à la différence des anglais par exemple.
Dans le cas des boissons, les disparités sont également très grandes. Certaines familles n’achètent pas de boissons en bouteilles et d’autres achètent énormément de sodas (comme les mexicains) ou même de bières pour les allemands (une trentaine au moins, sans compter les 4 bouteilles de vin sur la gauche), quand certains ne boivent que de l’eau.

La famille la plus insolites étant pour moi celle du Groenland avec sur la photo le gibier fraîchement chassé et comme plat favori le narval, l’ours polaire ou le phoque !

Bien sur, c’est difficile de faire des comparaisons entre les familles, les dépenses pouvant être très variables au sein d’un même pays. De la même manière, le nombre de personnes à nourrir varie beaucoup ce qui influence forcement les coûts. Ce reportage photographique ne se veut donc pas objectif. Il ne s’agit que d’un instantané pour une famille donnée.
En tout cas c’est la preuve qu’une bonne photo aura toujours plus d’impact qu’une longue argumentation.
Peter Menzel en a tiré un livre Hungry planet : What the world eat.

Si cette série photographique vous a plu, je vous conseille de jeter un œil sur le travail assez semblable d’un photographe américain, qui a réalisé des portraits d’enfants, entourés de leur consommation hebdomadaire, ce qui fait réflechir à l’éducation alimentaire.

Lire aussi : La consommation alimentaire dans le regard de l’artiste « 1011 »